Un signe de foi et
d’engagement chrétien
« Le Scapulaire est essentiellement un “habit”. Qui le reçoit est, par sa vêture, associé à un degré plus ou moins intime à l’Ordre du Carmel ». Le Scapulaire ou petit habit est en effet l’habit en miniature de notre Ordre qui, pour vivre « dans la dépendance de Jésus Christ », a choisi l’expérience spirituelle de familiarité avec Marie, sœur, mère et modèle.
L’agrégation à la Famille carmélitaine et la familiarité avec Marie assument un caractère fondamentalement communautaire et ecclésial, parce que Marie « aide tous ses fils — où qu’ils vivent et de quelque manière que ce soit — à trouver dans le Christ la route qui conduit à la maison du Père ». Ainsi le Scapulaire est l’humble « signe » du grand idéal du Carmel : l’intimité avec Dieu et l’amitié entre les disciples.
Déjà dans l’Ancien Testament le vêtement — et en particulier le manteau — était symbole des bienfaits, de la protection céleste, de la puissance transmise à un envoyé de Dieu.
Le vêtement spécial de Joseph fut symbole de prédilection (cf. Gn 37, 3) ; le manteau de Jonathan offert à David, un symbole d’amitié (cf. 1 Sm 18, 4). Dans Isaïe nous lisons : « Je tressaille de joie à cause du Seigneur, mon âme exulte à cause de mon Dieu, car il m’a revêtue de l’habit du salut, il m’a drapée dans le manteau de la justice » (Is 61, 10). Quand le prophète Élie fut enlevé au ciel, son manteau tomba sur son disciple Élisée et lui transmit l’esprit du maître (cf. 2 R 2, 14 ss).
Dans le Nouveau Testament, même la frange du manteau de Jésus, touchée avec foi, communique sa puissance bénéfique (cf. Mc 5, 25 ss). Saint Paul, pour parler de la vie dans le Christ, emploie plus d’une fois des expressions comme « revêtir le Christ » (Rm 13, 14 ; Ga 3, 27), revêtir les sentiments mêmes de Jésus. Autrement dit, la vie de grâce filiale du chrétien est décrite avec l’image des vêtements.
L’habit religieux, dont le Scapulaire est une partie et un symbole, signifie cette suite de Jésus d’une manière particulière.
Marie, bénie entre les femmes, est le chef-d’œuvre de la Trinité. En elle la Trinité a porté la féminité au maximum de sa réalisation comme icône de sa tendresse et de sa volonté salvifique. Marie est la femme en qui « tout se rapporte au Christ et tout dépend de lui: c’est pour lui que Dieu le Père, de toute éternité, l’a choisie comme Mère toute sainte et l’a parée de dons de l’Esprit à nul autre consentis ». Notre Dame est pour toute l’Église l’archétype de la « louange de gloire de la Sainte Trinité » que nous sommes tous appelés à être.
Le Scapulaire symbolise la reconnaissance filiale de la mission que la Trinité a voulu confier à Marie dans l’histoire du salut, « mystère de miséricorde » (1 Tm 3, 16). La Bienheureuse Élisabeth de la Trinité met sur les lèvres de Marie ces paroles très expressives : « Je t’apporte un Scapulaire comme gage de ma protection et de mon amour, et aussi comme un “signe” du mystère qui va s’opérer en toi… Je viens pour achever de “te revêtir de Jésus Christ” (Ga 3, 27) afin que “tu marches en lui” (Col 2, 6), Voie royale, Chemin lumineux ; afin que tu sois “enracinée en lui” (Col 2, 7), dans la profondeur de l’Abîme, avec le Père et l’Esprit d’Amour ».
Nous vivons dans un monde fait de réalités matérielles pleines de symbolisme : la lumière le feu, l’eau…
Il y a aussi dans la vie de chaque jour des expériences de relation entre les êtres humains, qu’expriment et symbolisent des choses très profondes :
Nous avons besoin de signes ou de symboles qui nous aident à comprendre et à vivre des faits d’aujourd’hui et d’hier, et qui nous donnent conscience de ce que nous sommes, comme personnes et comme groupes.
Jésus est le grand don et le signe de l’amour du Père. Il a établi l’Église comme signe et instrument de son Amour. Dans la vie chrétienne il y a aussi des signes. Jésus les a utilisés : le pain, le vin, l’eau, pour nous faire comprendre les réalités supérieures que nous ne pouvons ni voir ni toucher.
Dans la célébration de l’Eucharistie et des sacrements (baptême, confirmation, réconciliation, mariage, ordre, onction des malades), les symboles (eau, huile, imposition des mains, alliances) expriment le sens des sacrements et nous introduisent dans une communication avec Dieu, présent en eux.
En plus des signes liturgiques, il en existe d’autres dans l’Église, qui sont liés à un événement, à une tradition, à une personne. Un de ces signes est le Scapulaire du Carmel.
Le Scapulaire du Carmel est un des signes de la tradition de l’Église depuis sept siècles.
C’est un signe approuvé par l’Église et accepté par l’Ordre du Carmel comme manifestation extérieure de l’amour pour Marie, de la confiance filiale en elle et de l’engagement à imiter sa vie.
Le mot “scapulaire” indique un vêtement que les moines endossaient pour le travail manuel.
Peu à peu on lui a donné un sens symbolique : celui de porter la croix de chaque jour, comme disciple marchant à la suite de Jésus.
Dans plusieurs Ordres religieux, dont le Carmel, le Scapulaire devint aussi un signe de leur manière d’être et de vivre.
Le Scapulaire finit par symboliser la consécration spéciale des Carmes à Marie, la Mère du Seigneur, et à exprimer la confiance en sa protection maternelle ; le désir d’imiter sa vie livrée au Christ et aux autres. Il devint un signe marial.
Au Moyen Âge, de nombreux chrétiens voulurent s’associer aux Ordres religieux fondés alors : Franciscains, Dominicains, Augustins, Carmes. Surgit alors un laïcat associé aux religieux, sous la forme de Confraternités ou de Fraternités.
Tous les Ordres religieux voulurent donner aux laïcs un signe de leur affiliation et de leur participation à l’esprit et à l’apostolat de l’Ordre. Ce signe était une pièce de leur habit : le manteau, le cordon, le scapulaire.
Chez les Carmes, on finit par établir le Scapulaire de petit format comme signe d’appartenance à l’Ordre et expression de la spiritualité.
Le Scapulaire plonge ses racines dans la tradition de l’Ordre, qui l’a interprété comme signe de la protection maternelle de Marie. Il a comme tel, à travers une expérience séculaire, un sens spirituel approuvé par l’Église :
Le Scapulaire est imposé, seulement la première fois, par un prêtre ou par une personne autorisée.
On peut le remplacer par une médaille qui comporte d’un côté l’image du Sacré Cœur et de l’autre celle de la Vierge.
Le Scapulaire engage à vivre en chrétiens authentiques :