Si tu n'étais Celui qui tend la main,
Et si Jésus ne venait rompre encore le pain,
Donnerions-nous un peu du nôtre,
Pourrions-nous croire que le pauvre
Sera premier dans ton Royaume ?
Si tu n?étais Celui qui tend la main?
Si tu n?étais la joie de l?univers,
Si ton Soleil n?avait brillé dans notre hiver,
Aurions-nous part à ta jeunesse,
Marcherions-nous quand le jour baisse
Et que l?angoisse nous oppresse ?
Si tu n?étais la joie de l?univers?
Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l?écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d?une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Elie leur apparut avec Moïse, et ils s?entretenaient avec Jésus.
Pierre alors prend la Parole et dit à Jésus: « Rabbi, il est heureux que nous soyons ici : dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. »
De fait, il ne savait que dire, tant était grande leur frayeur. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoutez-le. » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
En descendant de la montagne, Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu?ils avaient vu, avant que le Fils de l?homme soit ressuscité d?entre les morts. Et ils restèrent fermement attachés à cette consigne, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : ressusciter d?entre les morts.
Par sa transfiguration, Jésus voulait avant tout prémunir ses disciples contre le scandal de la croix et, en leur révélant toute la grandeur de sa dignité cachée, empêcher que les abaissements de sa passion volontaire ne bouleversent leur foi.
Mais il ne prévoyait pas moins de fonder l?espérance de l?Église, en faisant découvrir à tout le corps du Christ quelle transformation lui serait accordée; ses membres se promettraient de partager l?honneur qui avait resplendi dans leur chef.
Le Seigneur lui-même avait déclaré à ce sujet, lorsqu?il parlait de la majesté de son avènement : Alors les justes brilleront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Et l'Apôtre saint Paul atteste lui aussi : J?estime qu?il n ?y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que le Seigneur va bientôt révéler en nous. Et encore : Vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu. Quand paraîtra le Christ qui est votre vie, alors, vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire.
(Sermon de Saint Léon le Grand)