L'ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel a ceci de particulier qu'il plonge profondément ses racines dans l'Ancien Testament ? il est né en Terre Sainte tout en étant une famille religieuse latine d'origine occidentale.
En Palestine, en ce 13e siècle, les Sarrasins (Musulmans) se font de plus en plus menaçants. De nombreux Carmes décident de retourner dans leur pays d'origine, qui en France, qui à Chypre ou encore en Italie, en Angleterre, en Allemagne, etc. L'année 1291 signe le glas du Royaume latin de Jérusalem. Tous les survivants quittent alors la Terre Sainte. En Europe, les Carmes, déracinés,et en butte à toutes sortes d'incompréhensions ! Comment accueillir en Europe ces ermites sans ressources qui mènent une vie purement contemplative et s'isolent dans des endroits déserts ? Force est de s'inculturer, sinon l'Ordre mourra ! C'est ce à quoi s'attaquent les Chapitres de l'époque ! La Règle est adaptée: la vie commune est renforcée, les fondations dans les villes sont autorisées et l'apostolat recommandé. Tous changements qui assimilent les Carmes aux Ordres mendiants (comme les Franciscains ou les Dominicains) et les sauveront de l'extinction. Non sans tensions internes toutefois entre tenants de la vie contemplative et tenants de la vie apostolique avec tous les écueils que cela suppose ! Longue crise d'identité qui se soldera heureusement par leur acceptation définitive par l'Église, sous Boniface VIII, en 1298.
1347-1350 : alarme en Europe ! La peste y fait son entrée y fauchant un tiers de la population totale, décimant deux générations ! Ajoutons à ce fléau des récoltes désastreuses, la Guerre de Cent Ans (1337-1453), le Schisme d'Occident (1378-1415) qui déchire l'Église en factions rivales opposant deux et même trois papes de front ! C'est bien assez pour déstabiliser la chrétienté et... les Ordres religieux ! Les Carmes n'y échappent pas ? rangs éclaircis, santés débilitées, manque de tonus spirituel, relâchement général. Autant de maux qui entraîneront, en 1435, la « mitigation » de la Règle, c'est-à-dire l'adoucissement du jeûne et de l'abstinence, du temps de silence et de solitude... Mesures entérinant le délabrement général...
Désormais, le Carmel, en ses deux branches, avait atteint sa pleine stature ! Le voilà prêt à de nouveaux enfantements qui ne se feront pas toujours sans douleur -- les aléas de l'histoire politique le marqueront lui aussi ! -- mais rien ne freinera son essor.
Le Carmel thérésien élargira d'abord ses ramifications partout en Europe ? Italie, Pays Bas, Allemagne, Pologne, etc. Fils et filles de la Madre s'implantent en tous lieux. Notons qu'en France, les deux filles préférées de la Madre conjugueront leurs efforts. Anne de Jésus fondera à Paris, en 1604, à Dijon, l'année suivante. Anne de Saint-Barthélemy fondera le carmel de Pontoise en 1605. Celui-ci fondera celui de Reims et ce dernier implantera le premier carmel canadien à Montréal en 1875 ! Quant aux Carmes déchaux, on les retrouve à Avignon en 1609, puis à Paris (1611). Les Carmes Canadiens, présents aujourd'hui à Trois-Rivières (2004) sont originaires de la province d'Avignon-Aquitaine.
Et que dire de l'épopée missionnaire des deux branches du Carmel ? L'histoire de l'Ordre éclate ici et épouse les contours politiques et sociaux des différentes régions ou pays. Partout, sur les cinq continents, du 17e au 21e siècle, du Brésil en Nouvelle-Guinée, du l'Indonésie, du Moyen-Orient en Inde et en Chine, des États-Unis au Congo, des couvents et des monastères s'érigent, la doctrine du Carmel se répand. En Palestine, la réimplantation d'un couvent au Mont Carmel en 1631 permet à l'Ordre de retrouver ses racines.
Expansion géographique, expansion « familiale » aussi ! Agrégation à l'Ordre de congrégations religieuses ou d'Instituts séculiers à « saveur carmélitaine », promotion des fraternités carmélitaines de laïcs... etc. L'Ordre du Carmel s'enrichit de membres variés qu'il continue à nourrir de sa sève.
Chaque aire culturelle aura ses témoins privilégiés ?
et combien d'autres connus et inconnus, brûlant de zèle pour Dieu et qui proclament par leur vie : « Il est vivant, le Seigneur, devant qui je me tiens ! » Mais cela, c'est une « autre histoire », celle d'aujourd'hui !, l'histoire d'une intimité profonde, l'histoire de l'Esprit à l'oeuvre dans le coeur,... à l'oeuvre au coeur de tout chercheur de Dieu !
Séculiers