Confiance et abandon

Thème Thérésien 

 

 

 

 

Confiance et abandon

 

« Ô Jésus ! laisse-moi dans l'excès de ma reconnaissance, laisse-moi te dire que ton amour va jusqu'à la folie...
Comment veux-tu devant cette Folie, que mon cœur ne s'élance pas vers toi ?
Comment ma confiance aurait-elle des bornes…
 » (Ms b, 5v°)

« Ma voie est toute de confiance et d'amour.
Je ne comprends pas les âmes qui ont peur d'un si tendre Ami.
 » (LT 226) 

Les eaux de la confiance et de l'abandon ont porté Thérèse à mesure qu'elle a osé marcher sur elles et elle a osé jusqu'au bout dans la direction de l'amour de Dieu. Il semble bien que la cause de la plupart de nos faiblesses est à chercher dans ce fait que nous n'osons avoir confiance et nous abandonner, ni jusqu'au bout, ni assez large. S'arrêter de croire un moment trop tôt, ou se laisser intimider par les apparentes difficultés, c'est faire comme Pierre marchant sur les eaux et qui s'enfonce par manque de confiance, c'est risquer de ruiner l'édifice spirituel que nous construisons. Il faut, comme Petite Thérèse, croire éperdument à l'infinie puissance de la miséricorde et savoir que notre pire faiblesse est de ne pas oser avoir confiance.

Thérèse parle de « la confiance illimitée qu'elle sent en son cœur » (LT 197). Qu'est-ce qu'être sainte pour Thérèse sinon adhérer, à travers le maximum de son impuissance, au maximum de la puissance divine ? Elle s'est ainsi ouverte passionnément et activement au bien suprême offert qui est Jésus.

C'est mon père qui conduit !...
Notre manque de confiance et d'audace est une des attitudes qui font le plus de peine à Dieu. On n'ose pas croire à tout ce que le Seigneur veut nous donner pour nous combler de son Amour personnel parce qu'on a peur d'être pris dans un engrenage d'amour... « alors que l'amour ne se paie que par l'amour » nous dit saint Jean de la Croix. Les petits enfants ont tout naturellement confiance en leur mère et en leur père car ils se savent aimés.

Emmanuel Mounier écrivait : « Dieu ne demande pas des gens qui aient des vertus, mais des “enfants” qu'Il puisse prendre comme on soulève un petit enfant parce qu'il est léger et qu'il a de grands yeux... »

La confiance...

La confiance qui est l'autre nom de l'Amour est la marque principale de la spiritualité de la Petite Thérèse de l'Enfant-Jésus. Elle a vite compris que l'audace et la confiance charment le Cœur de Jésus : ce qui le blesse, c'est notre manque de confiance... Restreindre ses désirs et ses espérances, c'est méconnaître la bonté infinie de Dieu. La Petite Thérèse disait qu'« il ne faut jamais mesurer la puissance de Dieu à nos courtes pensées... » (Ms C, 4r°) La première chose qui nous frappe chez Petite Thérèse, c'est sa confiance sans limite dans l'Amour de Dieu, pour elle-même et pour chaque être.

La Petite Thérèse était persuadée qu'il y a une chose impossible à Dieu : c'est de résister à la prière confiante d'un petit enfant et elle disait souvent à ses novices que Dieu ne peut rien refuser à une prière toute confiante. Elle aimait redire avec son père saint Jean de la Croix qu'« on obtient de Dieu autant qu'on en espère... — Gardez bien votre confiance. Il est impossible que le bon Dieu n'y réponde pas, car Il mesure toujours ses dons à notre confiance ! »

Vers la fin de sa vie, Mère Agnès de Jésus, sa grande sœur devenue sa Prieure au Carmel de Lisieux, pouvait dire en toute vérité que plus rien ne pouvait décourager Thérèse ! Elle avait déjà écrit, à la période de sa Première Communion : « Je ne me découragerai jamais ! »

...est le chemin...

Un jour, sœur Marie de la Trinité, novice de la Petite Thérèse, expliquait à sœur Germaine : « Voyez-vous, le moyen d'être heureux dans la “Petite Voie” de Thérèse, c'est de s'abandonner à Dieu et de penser à soi le moins possible, ne pas même chercher à se rendre compte si l'on fait des progrès ou non : cela ne nous regarde pas. Nous n'avons qu'à nous exercer à faire avec le plus d'amour possible tous nos petits actes de la vie courante, à reconnaître humblement, mais sans tristesse, nos mille imperfections sans cesse renaissantes et à demander avec confiance au bon Dieu de les transformer en amour... »

C'est cette sœur Germaine qui a déposé ceci en 1910 à l'occasion du procès canonique pour la béatification de sa compagne de Lisieux : « Je crois que c'est bien la première fois depuis que le monde est monde qu'on canonise une sainte qui n'a rien fait d'extraordinaire : ni extases, ni révélations, ni mortifications qui effraient les petites âmes comme les nôtres. Toute sa vie se résume en ce seul mot : elle a aimé le bon Dieu dans toutes les petites actions ordinaires de la vie commune, les accomplissant avec une grande fidélité. Elle avait toujours une grande sérénité d'âme dans la souffrance comme dans la jouissance, parce qu'elle prenait toutes choses comme venant de la part du bon Dieu ».

... du bonheur...

Je me souviens d'une anecdote racontée par le P. Paul P.B., vécue quelques années plus tôt alors qu'il était missionnaire en Afrique. Un jour qu'il était avec un confrère sur une pirogue pilotée par un Noir, une tempête s'éleva sur le fleuve. Une grande peur les saisit brusquement à cause de la force des vents, de l'intensité des vagues et de la vue terrifiante des crocodiles à la gueule déjà grande ouverte... C'est si vite fait, chavirer en pirogue ! Et le Père Paul nous disait qu'il avait déjà bien récité son acte de contrition... Or il y avait au fond de la pirogue le tout petit garçon du Noir qui naviguait comme il le pouvait, et ce petit enfant n'avait pas peur, jouant avec un bout de bâton. Le Père Paul lui demanda :“Tu n'as pas peur ?” Et l'enfant lui répondit : “Non ! parce que c'est mon père qui conduit !...

Comme la Petite Thérèse aurait été heureuse d'entendre cette histoire ! Elle l'aurait tout de suite mise en pratique dans le concret de sa vie et l'aurait racontée à ses novices... “C'est mon père qui conduit !

...pour toute la vie.

Le pape Pie X a dit que sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus était la plus grande sainte des temps modernes. Elle est aussi la plus petite justement à cause de la Petite Voie faite de confiance et d'abandon. C'est la nouveauté apportée par la Petite Thérèse pour l'Église de notre temps !

P. André-Marie Syrard, osm.

 

 

 

 

La confiance de sainte Thérèse de Lisieux

 

L'élément essentiel de la voie d'enfance, c'est la confiance qui consiste en « une disposition du cœur qui nous rend humbles et petits entre les bras de Dieu, conscients de notre faiblesse, et confiants jusqu'à l'audace en sa bonté de Père. » (NV 3.8.5)

C'est le cœur de l'Évangile : l'humilité, l'abandon, la joie, la simplicité avec cette confiance qui tient l'âme en équilibre. « Si vous ne devenez semblables à de petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux. » La vie de Thérèse baigne dans la confiance, une confiance d'enfant comme celle de Jésus envers son Père.

Thérèse s'offre tout aimante dans ce brasier d'Amour miséricordieux et sanctificateur. L'abandon du petit qui compte éperdument sur la Force de Dieu, sa Toute-Puissance qui fait tout en nous : la sainteté, la charité, la conversion... La confiance fait des miracles.

Cette offrande totale à l'action de Dieu est la source de l'apostolat de Thérèse, qui se veut très actif au Cœur de l'Église sa Mère. Dans sa fonction de Maîtresse des novices, comme dans sa correspondance avec ses deux “frères” missionnaires, elle agit comme une enfant, convaincue que sa confiance toute simple remplacerait avantageusement la finesse des calculs et les agitations de la sagesse humaine.

Et quand, pour obéir à sa Prieure, elle commence à écrire l'histoire de son âme, c'est le même esprit et la même disposition qui l'accompagnent tout au long des pages et qui constituent le charme et l'édification de millions d'âmes.

Après avoir rappelé, en termes brûlants, l'Incarnation du Christ, la Maternité de la Vierge Marie, la Passion de Jésus et l'Eucharistie, Thérèse clôt le Manuscrit B sur cette expression de confiance : « Jésus, laisse-moi te dire que ton amour va jusqu'à la folie… Comment veux-tu devant cette Folie, que mon cœur ne s'élance pas vers toi ? » (Ms B, 5v°) Non, l'espérance ne confond pas !

La vie tout ordinaire et confiante de Thérèse est comme la trame secrète de toute expérience humaine. C'est pour cela qu'elle rassure et entraîne. En effet, elle est convaincue que Dieu est d'une indulgence amoureuse pour qui compte sur Lui, non pour l'offenser, mais pour l'aimer d'un cœur plus confiant, d'un esprit plus libre et d'une âme plus éprise.

Sr. Céline, ocd. / Trois-Rivières

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